Né en 1953, Lionel Soukaz s’est éteint le 3 février 2025 à Marseille à l’âge de 71 ans.
Au tout début des années 70, il côtoie à Paris le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR). Pionnier de la lutte homosexuelle, le réalisateur va brandir sa caméra comme une arme de poing pour s’attaquer à l’ordre établi dans la France de Giscard, où l’homosexualité est encore un délit, et exorciser la peur. Proche du collectif Jeune cinéma qui promeut un cinéma expérimental différent, il rencontre de nombreux intellectuels et militants gays comme Michel Foucault, René Shérer, Jean-Louis Borie ou Guy Hocquengem avec qui il réalise en 1979 Race d’EP!, dont le titre est le verlan de pédéraste, l’histoire en quatre temps d’un siècle d’homosexualité en Europe. Confronté à la censure, il poursuit son œuvre subversive avec Ixe, provocateur, brassant des images, créant des connexions sidérantes, pied de nez à la droite conservatrice et aux bien-pensants. À partir de 1991, Lionel Soukaz tourne en vidéo son journal Annales, des milliers d’images documentant les années SIDA dont sortiront deux longs métrages, En Corps + et Artistes en zone troublée réalisés avec Stéphane Gérard.
Porte-drapeau du cinéma d’avant-garde et de la lutte homosexuelle, Lionel Soukaz, chantre de la vie et du désir, dissident magnifique, radical, révolté et tendre, lègue aux nouvelles générations une œuvre cinématographique essentielle, cri d’amour et de rébellion qu’il nous faut entendre aujourd’hui plus que jamais.
« Jamais peut-être plus que chez Lionel Soukaz, le cinéma contemporain ne mérite davantage l’appellation de langue ou écriture de la réalité que Pasolini lui avait accordée » – René Shérer.

Lionel Soukaz